De nos jours, les élans spontanés naturels lors de l'enfance sont rapidement cadrés. Il nous est souvent demandé de "rentrer dans le moule". Puis il arrive que des épreuves diverses nous fassent éprouver un besoin de sécurité très puissant. Ce besoin de sécurité peut alors générer un sens du contrôle très musclé.
Si vous vous reconnaissez, alors vous avez probablement un mental fort qui a besoin d'être aux commandes. Cela rassure d'un côté, mais cela peut frustrer de l'autre car évidemment, même avec les plus grands efforts il est impossible de tout contrôler...
Alors on me pose très souvent la question si avec un mental fort, ou un côté très cartésien, il est possible d'être hypnotisé avec la méthode Ericksonienne?
Et aussi lors d'une séance d'Hypnose Régressive Quantique, comment savoir si les informations que reçoit ou perçoit la personne en état d'hypnose, proviennent de son mental ou d'une conscience plus vaste?
Je vous partage mon expérience dans cet article.
Avec un mental fort, est-il possible d'être hypnotisé?
Certes certaines personnes rentrent très facilement en état modifié de conscience. Elles se plongent dans l'expérience et visualisent, ressentent ou perçoivent des éléments qui font vraiment partie de leur expérience.
Un exemple assez simple est le souvenir d'un moment particulièrement agréable où la personne a pu ressentir un bien-être tellement intense que ça l'a marquée. Très souvent ce sont des moments dans la nature, face à un magnifique paysage, en train de faire une performance sportive où avec des êtres chers.
Même les gens très "dans le mental" ont généralement vécu de tels moments, et il est possible de se les remémorer. Rien que décrire ce qui s'y passait, et on y est. Ce peut-être une excellente porte d'entrée pour détendre le mental et ensuite envisager un travail thérapeutique ou juste pour le bien-être.
Récemment un homme qui a eu toute sa vie des responsabilités importantes est venu me voir pour un soulagement au niveau personnel. La première séance a été comme une phase de découverte. Après la discussion de l'anamnèse, nous avons abordé la phase en état modifié de conscience afin qu'il puisse aborder ce qui le tracassait autrement. Il n'avait jamais fait de séance d'hypnose, et dans sa vie il a plutôt eu le rôle de meneur que de celui qui se laisse suggérer. Alors je ne vous cache pas qu'après plusieurs approches, au bout de 20 minutes, il avait toujours de la peine à laisser son mental se relaxer. Comme il m'avait dit que sa passion était la course à pieds, alors je lui ai demandé de s'imaginer courir, dans l'endroit le plus inspirant dans lequel il a eu le plaisir de courir. Il me l'a décrit, et là c'était parti, il s'est plongé dans la remémoration de sa course. Il était dedans.
La confiance et une forme de complicité s'étant établies, les séances suivantes ont été à chaque fois plus profondes et plus détendues. Le mental, rassuré, a trouvé de l'intérêt à l'expérience et a accepté de se laisser surprendre. Surtout que progressivement d'une séance à l'autre ce monsieur laissait moins de prise sur lui à sa problématique. Il la transcendait à son propre rythme. Ou à sa propre foulée peut-être.
Paradoxalement, les personnes les plus "dans le mental" sont tellement fatiguées d'être en extra vigilance, qu'une parenthèse où elles peuvent se relaxer est souvent bienvenue et elles vont à fond dans l'expérience.
Pour d'autres cela prend plus de temps, c'est vrai. C'est là que l'on se rend d'autant plus compte que la relation de confiance qui s'établit avec le praticien est primordiale.
Avec l'Hypnose Ericksonienne, perd-on le contrôle?
Le mental est tellement habitué à structurer, à contrôler, que vouloir le "mettre à la porte" n’est pas forcément judicieux, car probablement rentrera-t’il "par la fenêtre".
Personnellement j’aime l’accueillir et faire “avec lui”. Avec dans l’idée de lui faire découvrir un autre état d’être. Un endroit où il peut réaliser qu’il n’a pas à tout porter. Un endroit où il peut aller à la rencontre de son partenaire qui œuvre en arrière-plan, qu’est l’inconscient et se laisser surprendre.
Ce partenaire est celui qui gère les fonctions vitales, les apprentissages, mais il est aussi la porte d’entrée à la créativité, à l’intuition et gère certains comportements qu’il a adoptés avec le temps.
Souvent on me dit “ c’est drôle, lors de certaines phases de la séance, j’étais là sans être là. Et ces réponses qui sont venues si spontanément de moi-même, c’est troublant.”
Adolescents, mes parents nous avaient inscrits mon frère et moi à des cours d'Aïkido, afin que selon eux nous soyons capables de nous protéger si nous étions agressés. En 3 ans d'assiduité, l'enseignement principal que j'ai retenu, est que la plupart du temps nous ne pouvons contrer la force d'un adversaire en colère et plus grand que nous. Par contre, avec simplement un pas de côté, et en utilisant la force de l'adversaire lui-même, on peut le neutraliser.
Le mental n'est pas un adversaire, mais cette métaphore m'a suivie. Je pense qu'au lieu de nier le mental et vouloir l'étouffer, le reconnaitre et lui permettre de nous transmettre sa force à une fin utile peut permettre à chaque partie de sortir vainqueur.
Et en Hypnose Régressive Quantique, comment être certain que les informations reçues ne viennent pas du mental?
En hypnose régressive quantique, après une induction hypnotique spécifique à la méthode de Dolores Cannon, la personne qui vit l’expérience est la plupart du temps immergée dans une scène qui lui vient spontanément. Une scène de son passé ou purement métaphorique, et qui la touche toujours émotionnellement.
Pourtant à la différence du film “The Truman Show”, pour ceux qui l’ont vu, la personne en état d’hypnose “sait” qu’elle est en train de vivre ou revivre des scènes. Sa partie “du présent” est tout à fait capable de penser normalement.
Par exemple elle sait qu’elle est allongée sur un lit pour faire une expérience d‘hypnose régressive quantique, elle sait qui elle est dans le présent, que je suis assise à ses côtés pour la guider et elle peut émettre le souhait de sortir de l'expérience quelques instants pour aller au petit coin par exemple.
A un moment ou à un autre de la séance, la personne en état d’hypnose qui exprime quelque chose rajoute parfois: “là, je crois que c’est mon mental qui parle”.
Et c’est tout à fait possible et même rassurant. En effet, il me parait important que chacun d'entre nous garde son objectivité.
La différence entre ce qui vient du mental et ce qui est reçu spontanément par quelque chose de l'ordre de l'inconscient ou d'une conscience élargie, peut être perçue différemment selon les gens. La plupart du temps ce qui est mental vient comme d’habitude de la tête. Ce qui vient de l’inconscient est plus spontané, plus émotionnel, un peu comme une évidence. Donc souvent cela vient du cœur, même si cela se manifeste avec une phrase.
A une certaine étape d'une séance d'Hypnose Régressive Quantique, lorsque la personne en état d'hypnose me partage les informations qu'elle perçoit, les phrases qu'elle prononce peuvent être ralenties, un peu hachées. Pour d'autres le flux de paroles est tellement fluide et rapide avec l'expression de notions très complexes, un timbre de voix différent de l'habituel, que la personne me dit souvent à l'issue de la séance que lorsque cela se déroulait, elle était fortement surprise elle-même. Un peu comme si elle était le témoin de quelque chose qui la concernait et s'exprimait à travers elle.
Afin de favoriser la réception de ces informations qui sont souvent déterminantes pour une compréhension de thématiques qui peuvent tracasser la personne et qui sont la raison de sa demande de faire une séance d'Hypnose Régressive Quantique, je lui répète à plusieurs reprises: "Lorsque je vous pose une question, dîtes-moi la première chose qui vous vient". Ainsi on sort du jugement, du contrôle et on favorise la réception d'informations qui arrivent plus rapidement que ce que le mental aurait pu nous concocter.
Rien n'est à prendre au pied de la lettre, heureusement nous avons notre discernement pour faire la part des choses. Mais se laisser surprendre par ce qu'une autre partie de nous ou une conscience élargie pourrait nous transmettre comme information est la plupart du temps très enrichissant.
Doit-on craindre que le mental bloque le processus lors d'une séance d'Hypnose?
Quelle que soit la méthode, que ce soit l'Hypnose Ericksonienne ou l'Hypnose Régressive Quantique, l'intérêt repose sur le dépassement de certains conditionnements ou certaines situations afin de vivre plus positivement le quotidien, de ne plus avoir l'impression de le subir de la même manière.
Alors cela peut valoir la peine de négocier avec son mental. De lui proposer de rester vigilant s'il le souhaite, mais davantage comme un spectateur, prêt à intervenir s'il l'estime approprié. Et lui indiquer qu'il va pouvoir apprendre des choses très interessantes à côté desquelles il passe peut-être depuis très longtemps, tellement habitué à son conditionnement. Alors la porte s'ouvre, et le mental aura peut-être la réjouissance de vivre son quotidien différemment. Beaucoup moins dans l'effort, davantage dans l'accompagnement du flux de la vie.
Alors comment savoir si c’est le mental qui s'exprime?
En finalité que ce soit le mental qui s'exprime ou pas lors d'une séance d'hypnose, ce qui compte vraiment c'est de s'autoriser à accéder à plus de bien-être pour autant que la vie nous en donne l'opportunité. Alors parfois faut-il juste accepter que le temps et la patience y contribuent, parce qu'on ne peut définitivement pas tout contrôler...
Sylvie Moisan
Maître Praticienne en Hypnose Ericksonienne
Praticienne Niveau 2 Hypnose Régressive Quantique QHHT (Dolores Cannon)
+41 79 460 62 85
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