"Je ne vois rien" : Un mythe courant en hypnose décrypté

19 janv.3 min de lecture

Dans le monde de l’hypnose, il arrive fréquemment que des personnes viennent en séance en me prévenant d’emblée : "Je ne vois rien." Cette appréhension est tout à fait normale et reflète une idée reçue selon laquelle l’expérience hypnotique passe forcément par des images mentales claires et précises. Pourtant, chaque individu a des canaux de perception préférentiels, et il est essentiel de comprendre que l’hypnose ne se limite pas à la vision.

Certaines personnes ont un mode de perception naturellement visuel : elles décrivent des scènes, des couleurs, ou des formes avec aisance. D’autres, en revanche, sont davantage connectées à leurs sensations physiques (kinesthésiques), ou encore à leurs perceptions auditives, comme des sons, des rythmes ou des voix. Cela ne rend pas leur expérience moins valide, bien au contraire.

Exemple 1 : Une séance d’hypnose régressive révélatrice

Une femme est récemment venue me voir pour une séance d’hypnose régressive. Elle m’a confié avoir tenté plusieurs fois ce type de pratique avec un praticien utilisant la méthode de Brian Weiss, mais sans succès. Pourquoi ? Parce qu’elle disait ne "rien voir".

Une fois sous une bonne hypnose, lorsqu’elle m’a fait part de cette difficulté, j’ai reformulé sa perception en lui posant une simple question :"Si vous pouviez voir quelque chose, ce serait quoi ?"

Cette approche a provoqué un déclic. Plutôt que de forcer un canal qui semblait bloqué, nous avons élargi les possibilités, et soudainement, des sensations et des souvenirs ont commencé à émerger. La séance a pu se dérouler avec fluidité, en exploitant ses autres sens et en lui permettant de se connecter pleinement à l’expérience.

Exemple 2 : L’hypnose et les esprits rationnels

Une autre personne, au profil très cartésien, m’avait averti avant une séance d’hypnose ericksonienne : "Je ne suis pas sûr que cela fonctionne, car je ne vois rien." Plutôt que de tenter de convaincre ou de forcer une expérience visuelle, je lui ai proposé une approche ludique :"Et si vous faisiez comme si ?"

En adoptant cette posture d’exploration légère et sans pression, elle a pu accéder à des ressentis subtils qu’elle n’avait jamais expérimentés auparavant. Là encore, l’essentiel n’était pas de voir, mais de se laisser guider par ce qui émergeait naturellement, que ce soit une sensation de chaleur, une image floue ou un souvenir vague. Et comme cela arrive souvent, depuis cette personne qui vient régulièrement faire des séances d’hypnose avec moi, est tout à fait à l’aise avec la description de « ce qu’elle voit ». Comme beaucoup de choses, l’apprentissage et la confiance sont favorables.

Femme qui a les yeux bandés, évocation de ceux qui disent ne rien voir en hypnose

Comment savoir si une vision est authentique ?

Une question fréquente que l’on me pose est : "Et si les images étaient simplement des projections de mon mental ?"

La réponse réside dans l’impact émotionnel ou sensoriel qu’elles génèrent. Une perception authentique, qu’elle soit visuelle, auditive ou kinesthésique, s’accompagne généralement d’une sensation profonde et immédiate, comme une montée d’émotion, une résonance intérieure, ou une sensation physique précise. On sort donc du concept de vrai ou de faux. En hypnose, ce sont ces sensations qui servent de boussole et qui permettent de progresser vers l’objectif thérapeutique.

Accepter sa singularité perceptive

En hypnose, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de vivre une séance. Que vous soyez visuel, auditif, ou plus ancré dans vos ressentis corporels, votre expérience est tout aussi valable et porteuse de sens. Le rôle du praticien est de vous guider à travers vos propres canaux, de débloquer vos résistances et de vous accompagner dans un voyage intérieur adapté à votre nature.

Alors, si vous aussi vous vous dites "Je ne vois rien", demandez-vous plutôt :"Et si je percevais autrement ?" Vous pourriez être surpris par ce qui se dévoile.